Entre Massif Central et Pyrénées se trouve une région de France qui a subi au XIIIème siècle une épopée historique dont le souvenir persistant est à l’origine d’une activité touristique et culturelle intense. La croisade des albigeois a eu pour cadre plus de soixante châteaux forts qui sont pour la plupart situés dans des sites naturels exceptionnels.




« Comme les cristaux étincelants des grottes »


Les châteaux sont tributaires de leur environnement. Leurs murs sont faits de roches massives, leurs toits de pierres plates ou de schistes. Les argiles ont servi à la confection des briques. Leur situation, sur des reliefs qui dominent la frontière ou la région, dépend aussi de l’érosion qui a façonné leurs promontoires. Ils font corps avec leur décor naturel. Les cryptes, les sous terrains et les grottes qui ont marqué l’histoire des châtelains sont également tributaires de l’architecture naturelle des massifs. Les bâtisseurs du Moyen Age ont édifié entre le Vème et le XVIème siècle, plus de 1000 citadelles qui se découpent aujourd’hui de loin en loin dans les paysages du sud de la France. Comme autant d’Arches de Noé échouées sur autant de Monts Ararat lors de la dernière transgression marine, ils sont les témoins d’un passé cataclismique et révolu.



Comme les cristaux étincelants des grottes, ils semblent être une émanation naturelle de la roche. L’architecture massive de ces bastions épouse parfaitement la forme des reliefs. Ils se présentent comme une nouvelle couche géologique qui n’occuperait que les sommets des reliefs. Ils sont parfaitement intégrés au décor, dernière touche à cet impressionnant tableau réalisé par la nature.

On a l’impression que ces bâtisseurs se refusaient à voir détruite par l’érosion cette succession de collines rocheuses qui pointent à travers une maigre végétation. Ils se sont acharnés à remonter pierre par pierre les rochers arrachés à cette masse par les intempéries. Ils ont patiemment retaillé cette matière qu’ils ont redisposée, horizontalement, couche sur couche. C’est un véritable conglomérat récent qui réutilise les roches des formations plus anciennes. La mer antique en élaborant les strates en son sein aurait pu le faire pareillement.




Cette imitation fortuite de l’œuvre du temps se retrouve dans les moindres détails. Les voûtes égueulées du château de Peyrepertuse ne sont-elles pas dans le même axe que l’immense voûte naturelle sur laquelle repose le château ? Le vaste berceau de pierre de Montségur n’est-il pas une copie parfaite des innombrables plis des monts pyrénéens ?

On a l’impression que l’homme a rajouté ici, pierre sur pierre, un élément de sa confection, parfaitement semblable à ceux élaborés par la nature, comme pour se fondre en elle sans la choquer. Il a rebâti à sa manière les montagnes pour arrêter le temps de quelques siècles. L’effet de l’érosion a déjà repris, moins de mille ans plus tard, sa lente besogne destructrice, pour que l’on se souvienne encore un peu…



Géologie et Châteaux en Pays Cathare

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